Vers la mort annoncée d'un système partisan ?

Je te couvre, tu me couvres. Nous nous couvrons. ...

L'actuelle affaire Cahuzac est la parfaite illustration du système pernicieux et mafieux dans lequel est tombée notre démocratie et plus particulièrement la cinquième république.

Aujourd'hui, pour être "éligible" a une fonction représentative, qu'elle soit municipale, départementale ou nationale, il est indispensable de passer sous les fourches caudines d'un grand parti .
Le législateur vient encore d'aggraver le phénomène en allant plus loin ...!
À partir de mille électeurs, les petites communes devront faire des listes bloquées et les représentants départementaux eux aussi ne pourront se présenter devant les urnes qu'en binômes homme/femme, forcément proposés par un parti !

Autre effet pernicieux qui ne sert que les grands partis, les mesures d'assainissement de leurs financement : les dotations en rapport du nombre d'élus et / ou de voix obtenues ... Ce qui amène les dits partis a faire le forcing pour avoir des candidats partout et le plus grand nombre d'élus ... on n'est plus dans le fonctionnement démocratique, mais dans le marketing économique ... Exercice ou la loi du plus fort et du plus tordu est forcément la meilleure !

Tout cet ensemble de dévoiements de notre système politique amène les partis a fonctionner comme des entreprises qui ont comme principe et but leur survie et propre expansion, les intérêts des citoyens qu'ils sont censés défendre ne devenant plus qu'un vague souvenir et un alibi .
Tout ce système amène les politiques, s'ils veulent se maintenir et progresser, à composer et a se soumettre à œuvrer à l'intérêt supérieur du parti, s'il ne veulent pas être mis au ban du système.

Ce fonctionnement quasi sectaire implique aussi le fameux « je te couvre, tu me couvres » etc ...
Celui qui planque le plus de cadavres de l'autre dans sa propre armoire devient le plus puissant et lorsque une armoire est ouverte par un quidam externe au système, c'est tout le jeu de dominos qui risque de s’enclencher.
Le "je te tiens, tu me tiens par le barbichette" se grippe et nul ne peut prévoir jusqu'où va le jeu de dominos ...
On est, là, bien loin de la conception originelle du fonctionnement de notre représentation nationale ( et locale) ... Nos élus ne sont plus des représentants du peuple, mais, pour un trop grand nombre, des employés des grands partis, pour ne pas dire des adeptes !

L'affaire Cahuzac n'est qu'un révélateur et, peut être, un déclencheur ... Ce dont est accusé l'ex ministre n'a pu avoir lieu sans connivences , sans un système complexe de services rendus, de petits et grands arrangements ... Tout cela ne se met pas en place en un jour ... Pour en arriver à ce niveau, une vie (politique) entière est nécessaire ... Une vie d'échanges de bons offices, de prêtes rendus, de tractations sur les circos avec ses amis et les autres, de bandeau sur les yeux en échange de la réciproque ... À ce jeu là, plus d'un y perd son enthousiasme et son éthique ... Finit par se persuader être au dessus du commun des mortels ... Ce que Philippe Labro appelle le sentiment d'impunité .
Alors quelle solution?
Certes pas une révolution car, a chacune d'elles, c'est la boîte de Pandore qui s'ouvre !
… Certainement dégraisser les corps représentatifs comme avait voulu le faire le gouvernement précédent ...
... Redéfinir le rôle et le financement des partis et donc en premier lieu des élections locales afin de permettre aux candidats indépendants, reconnus compétents par leurs proches et issus de la société civile, de se présenter librement devant les électeurs

... Être intransigeant sur les sources de revenus et le casier judiciaire de tous les candidats
... Redonner confiance aux citoyens en leur propres élus afin de casser le divorce aujourd'hui prononcé entre le citoyen et le monde politique .

Il reste encore des personnalités politiques efficaces, fidèles a leurs idéaux et a ceux qui les ont élus ...
Ceux la doivent être l’exemple, la voie à explorer et non ceux issu du sérail qui ne connaissent du quotidien des français que ce qui leur a été enseigné à l'ENA ou dans d'autres grandes écoles de l'administration !

Réveillons nous, car a travers ce dévoiement de nos institutions, c'est une atteinte non seulement a notre démocratie qui est en train de se mettre en place, mais aussi et surtout une méfiance pernicieuse vis a vis du rôle régalien de l'état et une atteinte mortelle à la sûreté de la nation !

Il ne faudrait pas non plus jeter un anathème généralisé sur les partis.. Ils sont utiles et indispensables a l'exercice démocratique quand ils se cantonnent à la mise en commun de moyens pour la défense d'idées et d'intérêts sociétaux partages.

Pour les " grands partis", qui, à tour de rôle, se trouvent sous les feux de l'actualité judiciaire et de l'opprobre, qu'il s'agisse du PS ou de l'UMP, la défiance et la déviance vient, a l'évidence d'un manque de leader charismatique, visionnaire et pénétré de sa responsabilité de chef d'état ... Manque qui entraîne ce fonctionnement incontrôlable de machine folle, un peu comme des ordinateurs qui prendraient le contrôle sur leurs programmateurs !
Quand aux autres partis dits " petits", c'est de leur capacité à répondre aux attentes de leurs électeurs, a s'allier circonstanciellement sans perdre leur propre indépendance que viendra peut être le sauvetage de notre système démocratique, sans pour autant retomber dans les travers de la 4ème République.

Ainsi en ira t'il, espérons le, de ceux réunis sous le sigle UDI.
Cet UDI, décriée , moquée à ses débuts, et qui a pris aujourd'hui une place incontournable, peut être amenée à jouer un rôle salvateur de premier plan ... à la condition que ses membres associes aient la sagesse de garder leur propre sensibilité et liberté ... à la condition qu'elle sache se conserver un leader tel que jean Louis Borloo, un leader qui ai fait ses preuves d'efficacité dans l'action au service du bien public... à la condition qu'elle ne réponde pas aux sirènes qui essaient de l'entraîner vers un nouvel UDF qui se voudrait alors omnipotent, omniscient et omniprésent comme les deux autres, PS et UMP …. A la condition qu’elle se préoccupe des problèmes de la France et des français et non seulement de sa propre promotion.

Si notre vie politique ne parvient pas a se remettre en question, il ne restera plus beaucoup d'options mis a part l'ouverture de la boîte a Pandore et a l'abandon à la " Rue" des décisions que nous n'aurions pas su prendre.

JN Delorme CNIP63